jeudi 23 juin 2011

Financements doctoraux - CIRAD

Deadline : 1er juillet.

Le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) propose une bourse doctorale (conditions identiques à celles des allocations de recherche du Ministère de la Recherche) destiné à financer le sujet suivant : Sociogenèse des cadres fédéraux des politiques territorialisées de développement durable rural et de lutte contre la pauvreté au Brésil et au Mexique dans les années 1990-2000.
Durée : 3 ans.
Localisation : Montpellier (France), avec séjours de recherche au Brésil et au Mexique (pris en charge).
Prise de fonction : automne 2011.

Le dossier de candidature devra être envoyée à cette adresse mail, et les candidats seront auditionnés par un comité de sélection.


Objet de la recherche

Cette thèse sera centrée sur la place accordée au traitement de la pauvreté dans les dispositifs de développement durable rural au Brésil et au Mexique. Ce projet de recherche doctorale se fonde sur un double constat : (i) Ce sont les rapports de pouvoir au niveau national, insérés dans une dimension multi-niveaux qui structurent la fabrique des politiques de développement rural et leur lien avec la politique de lutte contre la pauvreté ; (ii) Ce sont les périodes de réformes profondes et d’institutionnalisation de nouveaux secteurs (comme celui de l’agriculture familiale, notamment) qui constituent des vigies idéales pour observer les rapports de pouvoir structurant la société et dont est issu le contenu même des politiques publiques. L’objectif de cette recherche doctorale est d’apporter des éléments de réponse aux nombreuses interrogations portant sur la place du secteur agricole dual - notamment de sa composante familiale - et au rôle des entrepreneurs de la cause de la lutte contre la pauvreté que ce soit dans les segments de l’Etat et leurs luttes institutionnelles, mais aussi, dans les réseaux de politiques publiques et la structure complexe des systèmes décisionnels fédéraux brésilien et mexicain, ou encore parmi les élites des politiques publiques nationales ou même les différents secteurs administratifs et économiques concernés par ces réformes.

La démarche de recherche retenue est celle de la sociogenèse des politiques publiques. Celle-ci consiste à comprendre la construction des politiques publiques à travers les rapports de pouvoir socio-politiques qui éliminent et sélectionnent les possibles (une politique publique étant considérée comme un des possibles). D’un point de vue méthodologique, cette thèse se centrera sur l’observation des rapports de pouvoir structurant le contenu même des cadres nationaux de politiques publiques. L’accent sera porté sur : (i) l’identification des importateurs nationaux de modèles internationaux, (ii) l’analyse des rôles et stratégies des acteurs sectoriels administratifs, professionnels, sociaux, politiques, conçus comme des entrepreneurs de causes, ainsi que les stratégies politiques qui ont porté ces réformes dans le champ politique national, (iii) la recomposition de la structure des réseaux de politiques publiques qui ont porté ces réformes dans les années 1990-2000, (iv) l’analyse des luttes institutionnelles entre les segments de l’Etat (stratégies de défense des périmètres d’action, stratégie de défense des corps) pourtant pris sous le joug de l’injonction d’intégration/tranversalisation de leurs actions et outils (v), la mise à jour du processus de cristallisation des référentiels nationaux de politiques publiques en faveur de l’agriculture familiale et du développement rural durable prenant en compte la pauvreté. D’un point de vue théorique, cette thèse s’inscrit en filiation avec différents paradigmes scientifiques : la littérature sur la mise à l’agenda (J. Kingdon sur les courants, les entrepreneurs de politique publique et les fenêtres d’opportunité ), les analyses cognitives des politiques publiques (P. Muller sur les référentiels et les médiateurs ; P. Sabatier sur les coalitions de cause), la sociologie de l’administration et de la décision (P. Bourdieu sur la noblesse d’Etat ; M. Crozier et consorts sur le système politico-administratif, H. Simon sur la rationalité limitée), ou encore, la littérature sur la nouvelle action publique : les réseaux de politiques publiques (March D., Rhodes), l’action publique multi-niveaux et la multi-level governance (Blache I., Flinders M).

Ces analyses permettront de mieux comprendre l’origine d’un certain nombre d’éléments contradictoires, au vu des objectifs de ces réformes, qui sont communs aux deux pays : notamment le maintien de la vision fédéralisée (dans les circuits administratifs et financiers) et le maintien des procédures sectorielles de mise en œuvre de cette politique.