Les outils de la recherche en relations internationales


Dans cette section, Chaos International propose une sélection d’outils disponibles pour les chercheurs en RI (Relations Internationales). Il s’agit en premier lieu de présenter les grands traits de la recherche bibliographique, ainsi que les principaux catalogues et bases de données. Puis, il convient de rappeler les normes de présentation qu’il est indispensable de maîtriser dans le cadre de publications académiques. Enfin, une dernière section sera consacrée aux ressources professionnelles des internationalistes.



1. La recherche bibliographique

                1.1 Fragmentation et disparités des outils

Les outils de la recherche en RI sont avant tout caractérisés par leur aspect fragmentaire et dispersé pour au moins deux raisons :

- d'une part, l'état de la discipline des RI en France, partagée entre la science politique, le droit, l'histoire, la géographie (géopolitique) ou encore les sciences économiques, etc. Ces clivages disciplinaires sont une première source de la dispersion des fonds documentaires ;

- d'autre part, la difficulté de fédérer l'ensemble des ressources documentaires disponibles dans une multiplicité de structures publiques ou privées. Ainsi, coexistent dans les universités des bibliothèques universitaires généralistes ou spécialisées, et de nombreuses petites bibliothèques d'accès restreint – bibliothèque de laboratoires ou d'instituts rarement accessibles aux étudiants de premier cycle, à l’exception notable des bibliothèques des IEP (Instituts d’Études Politiques). Par ailleurs, le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et les grands établissements de l’État gèrent des bibliothèques et des centres de documentation indépendamment des universités, enfin des organismes privés conservent et développent des ressources documentaires indispensables à la discipline ;

À cela s'ajoutent les disparités entre Paris et la province.

NB : à l’exception de Sciences Po. Paris, les IEP sont des établissements publics administratifs rattachés à une université ou intégrés à elle. Leur documentation est souvent gérée en association avec la BU (Bibliothèque Universitaire) de l’Université de rattachement.

À cette multiplicité des institutions correspond un paysage composite de bases de données accessibles au chercheur en RI qu'il s'agit d'exploiter au mieux. Il faut surtout mettre à profit les retombées positives de l'informatisation qui permet une circulation des savoirs instantanée et dématérialisée.

Toutefois, pour accéder aux ressources documentaires numérisées et élaborer une recherche, deux distinctions méthodologiques sont impératives :

La première porte sur le caractère gratuit ou payant de l’information en ligne. Difficile à quantifier car elle est fluctuante, la proportion des ressources gratuites de qualité scientifique – c’est à dire résultant de travaux académiques – est largement minoritaire. Elle est accessible sur l’internet à partir de moteurs tels que Google, Google Books (extrait ou texte intégral selon les droits), Google Scholar, Yahoo, Ask Jeeves, OAIster, etc. Il s’agit de livres ou d’articles tombés dans le domaine public mais le plus souvent d’articles, de rapports, de contributions mis en ligne par les chercheurs eux-mêmes ou par leur laboratoire d’appartenance, au nom du principe de libre accès (open access) à la connaissance scientifique. Certains portails se sont spécialisés dans le recensement de ces sources « ouvertes » (Open Archive Initiative) : HAL, Les classiques des sciences sociales, Spire à Sciences Po. Paris, etc.
Mais, pour l’essentiel, les ressources scientifiques appartiennent à des éditeurs commerciaux : l’accès aux textes requiert donc un abonnement payant, acquitté par le service commun de la documentation (SCD) de chaque université pour le compte de ses étudiants, enseignants et chercheurs, ainsi l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne met à la disposition de sa communauté un portail de ressources électroniques appelé Domino.

La deuxième distinction concerne le contenu des informations : certains outils – gratuits ou payants – donnent accès au texte intégral des documents, d’autres sont des instruments de signalement et de localisation des documents, ce sont les catalogues de bibliothèque (SUDOC, et les bases de données de références bibliographiques payantes telles que P.A.I.S International, par exemple).

Bien entendu, d’autres différenciations, conduisant à d’autres classifications, sont envisageables :
- l’accessibilité aux ressources pour le chercheur : privé/public, payant/gratuit, etc. ;
- le type de documents répertoriés ou proposés : ouvrage / périodique / travaux universitaires / thèses, etc. ;
- le degré de spécialisation des ressources : recherche généraliste/spécialisée, etc.

Mais si l’on privilégie les deux critères du coût d’accès aux ressources d’une part, et de l’accès ou non au texte intégral, d’autre part, une classification simple des ressources conduit à la typologie suivante.


                1.2 Liste des catalogues et des bases de données bibliographiques

1.2.1 Des catalogues généralistes ou spécialisés donnant accès à des références bibliographiques et/ou permettant de localiser les documents en France

En ce qui concerne la recherche bibliographique et l’identification d’un document, il est possible de consulter :
- L'ensemble des catalogues des bibliothèques des services communs de la documentation des universités françaises et étrangères (SCD). Toutes les universités et organismes de recherche dans le monde proposent des entrées sur leur site à « Bibliothèque », « Library », « Documentation », etc.
- Le Catalogue de la Bibliothèque Nationale de France : les documents conservés par la BNF
- Le catalogue de la bibliothèque de Sciences Po, qui abrite le CADIST (Centre d'Acquisition et de Diffusion de l'Information Scientifique et Technique) pour les sciences politiques. Cette structure permet à l’établissement de bénéficier de moyens financiers accrus pour permettre l’achat de la documentation destinée à la recherche et pouvoir la prêter via le Prêt Entre Bibliothèques (PEB).

En outre, le recours aux catalogues collectifs français et internationaux est souvent nécessaire pour localiser physiquement un document :
- CCFr : Catalogue Collectif de France, qui permet d'interroger trois catalogues (le catalogue général de la BNF, le SUDOC et le catalogue des fonds anciens ou locaux de bibliothèques municipales ou spécialisées)
- SUDOC (Système Universitaire de Documentation) : recherche dans les catalogues de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur pour les ouvrages et les publications périodiques
- Worldcat : catalogue collectif international

       Signalons également TUISP (Travaux universitaires inédits de science politique) et TEL (Thèses-en-ligne, outil de HAL consacré à l'auto-archivage en ligne des thèses de doctorat et habilitations à diriger des recherches).


1.2.2 Des bases de données bibliographiques d’accès payant

- P.A.I.S. International (bibliographie avec notices bibliographiques analytiques)
- IPSA – International Political Science Abstracts (références bibliographiques avec résumés)
- International Bibliography of the Social Sciences (IBSS) (références bibliographiques d’articles et de livres)

1.2.3 Des bibliothèques numériques gratuites donnant accès au texte intégral des documents

- Gallica de la Bibliothèque nationale de France (ouvrages)
- Persée (articles)
- Google Books (ouvrages)
- Google Scholar (articles, colloques, etc.)
- Ebibli (ebooks)
- Wikisource (bibliothèque numérique en ligne diffusant des textes passés dans le domaine public ou publiés sous licence libre)

1.2.4 Des portails ou des bases de données sur abonnement payant

- Cairn (articles de revues francophones)
- Cairn Magazines (8 hebdos, mensuels, etc. francophones)
- JStor (articles de revues de sciences sociales en anglais)
- Factiva (articles de la presse nationale et internationale, Who’sWho) ou Europresse.com
- Sage Journals Online – SHS-Bundle (articles de revues en SHS, en anglais)
- Oxford Scholarship Online – Political Science (ouvrages d’Oxford University Press)
- Political Science Complete – PSC (ouvrages, revues, résumés de conférences, etc.)
- Socindex with Full Text (références bibliographiques et accès au texte intégral de 400 revues)
- CIAO – Columbia International Affairs Online (rassemblant tous les documents de l’Université sur les RI)

Cependant, l’accès peut être gratuit ou payant dans la même structure :
- Portail Revues.org (fédération de revues scientifiques en ligne créée en 1999, accès à des articles de revues, gratuit ou payant selon les titres).


Notons que les portails documentaires des grandes universités françaises et étrangères donnent accès, selon des classifications variées, à ces différentes ressources (ainsi Domino à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le Portail des ressources numériques de Toulouse 1 Capitole, le Portail documentaire de l’Université de Paris-Ouest Nanterre-La Défense), et pratiquement tous proposent l’accès en ligne à la presse et aux revues nationales et internationales d’accès payant (par le biais de listes alphabétiques de type A à Z) : Catalogue des périodiques électroniques de l’Université Lille 3 - Charles-de-Gaulle, A to Z revues électroniques de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme, Revues en ligne à la Bibliothèque de Sciences Po. Paris, etc.

L’accès aux ressources payantes nécessite toujours une reconnaissance du chercheur par son identifiant et son mot de passe fournis par l’université ou le centre de rattachement institutionnel. Cet accès peut se faire, en local, à partir du campus de l’Université ou, le plus souvent, à distance, après identification.

Certains portails généralistes comportent une section spécialisée dans les relations internationales, ainsi, Vlib.org (Virtual Library : International Affairs Resources) ou le réseau allemand de bibliothèques et centres de recherche qui a créé un portail spécialisé en RI : IREON Portal.

Certaines universités étrangères ont développé des portails particulièrement riches sur les RI, comme celui de l’Université de Virginie : Foreign Affairs Online.

Pour compléter, il est possible de consulter et d’accéder aux sites des universités spécialisées dans la discipline des RI et plus généralement en science politique, sites recensés dans l'International Handbooks of Universities. Mentionnons le répertoire DADI (Répertoire des bases de Données grAtuites Disponibles sur Internet) mis à disposition par l'URFIST (Unité Régionale de Formation à l'Information Scientifique Technique) de Lyon, dont le lien ci-dessus présente les ressources susceptibles d'intéresser les internationalistes.

Enfin, les associations internationales de science politique fournissent un grand nombre de ressources et d’informations sur l’actualité de la discipline :

        1.3 L’accès aux ouvrages papier ou à des reproductions de documents

Toutes les bibliothèques universitaires proposent un service de « Prêt entre Bibliothèques » (PEB) qui permet d’obtenir la communication d’ouvrages ou des copies de documents (articles de revues, extraits, etc.) par envoi postal, fax ou fichier attaché, en provenance de bibliothèques en France ou à l’étranger. Le coût de ce service est à la charge du chercheur ou de son centre de recherche, il est facturé à prix coûtant, forfaitairement ou par tranche de photocopies, selon les cas.



2. Normes et présentation d'une bibliographie

             Il convient de présenter ici un système de normes cohérent et utile pour toute présentation bibliographique.

2.1 Référence d’un ouvrage

Modèle : Nom(s) Prénom(s), Titre, éd., Ville, Éditeur, Date. Collection.
Exemple : Smouts Marie-Claude, Les Organisations internationales, Paris, Armand Colin, Coll. Cursus, 1995.

                               2.1.1 Usage des majuscules dans les titres d’ouvrages
                Selon les normes proposées dans ce document, il est conseillé à l’auteur de mettre une majuscule à la première lettre du mot – outre l’article éventuel – de chaque titre, et de mettre une majuscule à chaque mot des titres en langue anglaise.
Exemple : Keck Margaret, Sikkink Kathryn, Activists Beyond Borders, Advocacy Networks in International Politics, Ithaca/London, Cornell University Press, 1998.

                               2.1.2 Rééditions et première parution
                Si l’ouvrage a connu plusieurs éditions, cela doit être signalé immédiatement après le titre.
Modèle : Nom(s) Prénom(s), Titre, Xème édition, Ville, Éditeur, Date de la Xème édition. Collection.
Exemples :
Ryfman Philippe, Les ONG, 2ème éd., Paris, La Découverte, 2009. Coll. Repères (386).
Strange Susan, States and Markets, 2ème éd., Londres, Pinter, 1994.

                Lorsqu’il s’agit d’une réédition, la date originale de publication de l’ouvrage doit être indiquée entre crochets après le titre.
Modèle : Nom(s) Prénom(s), Titre, [date de la première publication], Ville, Éditeur, Date de la réédition. Collection.
Exemple : Veyne Paul, Comment on écrit l’histoire, [1971], Paris, Seuil, 2006. Coll. Points Histoire.

                               2.1.3 Traduction d’un ouvrage étranger
                Pour indiquer une traduction, il faut ajouter la date de publication de l’ouvrage original entre crochets après le titre, suivie de la mention « trad. ».
Modèle : Nom(s) Prénom(s), Titre, [date de la publication de l’ouvrage en langue étrangère], trad., Ville, Éditeur, Date de la publication en français. Collection.
Exemple : Olson Mancur, Logique de l’action collective, [1971], trad., Paris, PUF, 1978. Coll. Sociologies.

2.2 Référence d’un article de périodique
Modèle : Nom(s) Prénom(s), « Titre de l’article », Nom de la revue, Volume (numéro), Date, pp. XX-XX.
Exemple : Finnemore Martha, Sikkink Kathryn, « International Norm Dynamics and Political Change », International Organization, 52 (4), aut. 1998, pp. 887-917.

Les normes suivantes peuvent être utilisées afin de référencer un numéro de périodique dans son intégralité, selon la présence ou l’absence de coordinateur(s) désigné(s).
> Modèle 1 : Nom(s) Prénom(s) du (des) coordinateur(s) du numéro (Éd(s).), « Titre du numéro », Nom de la revue, Volume (numéro), Date.
Exemple : Buchet de Neuilly Yves, Ambrosetti David (Éds.), « Crises et organisations internationales », Cultures et conflits (75), hiver 2009.
> Modèle 2 : Nom de la revue, « Titre du numéro », Volume (numéro), Date, pp. XX-XX.
Exemple : Cahiers Français, « Culture, État et marché », (612), janv. 2003, pp. 1-99.

                2.3 Référence d’un ouvrage collectif
Modèle : Nom(s) Prénom(s) (Éd(s).), Titre, Ville, Editeur, Date. Collection.
Exemple : Laroche Josepha (Éd.), Mondialisation et gouvernance mondiale, Paris, IRIS/PUF, 2003. Coll. Enjeux stratégiques.

Pour référencer précisément un chapitre d’ouvrage collectif, il faut adopter le modèle suivant.
Modèle : Nom(s) Prénom(s) du ou des contributeurs, « Titre de la contribution », in : Nom(s) Prénom(s) (Éd(s).), Titre, Ville, Editeur, Date, pp. XX-XX.
Exemples :
> Dobry Michel, « Calcul, concurrence et gestion du sens. Quelques réflexions à propos des manifestations étudiantes de novembre-décembre 1986 » in : Favre Pierre (Éd.), La Manifestation, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1990, pp. 357-386.
> Cerny Philip G., « Plurality, Pluralism and Power: Elements of Pluralist Analysis in an Age of Globalization » in: Eisfeld Rainer (Éd.), Pluralism: Developments in the Theory and Practice of Democracy, Opladen & Farmington Hills, Barbara Budrich Publishers, 2006, pp. 81-111.

                2.4 Référence d’une thèse
Modèle : Nom Prénom, Titre, Discipline et Directeur de recherche, Université, Date.
Exemples :
> Dubois Vincent, La Culture comme catégorie d’intervention publique. Genèses et mises en forme d’une politique, Thèse de doctorat en science politique dirigée par Mr. le Pr. Michel Offerlé, Université Lyon 2, 1994.
> Bohas Alexandre, La Firme Disney. Analyse du capitalisme culturel d’Hollywood, Thèse de doctorat en science politique dirigée par Mme. le Pr. Josepha Laroche, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2007.



Pour la gestion d’une bibliographie et la recherche documentaire, voir à titre d’exemple les documents pédagogiques accessibles en ligne de l’URFIST de Toulouse.
D’une manière générale, pour une bonne maîtrise de la recherche documentaire et des outils de gestion de l’information bibliographique, on peut se reporter aux sites des différents URFIST : Paris, Lyon, Bordeaux, Nice, Toulouse, etc. Les URFIST organisent des formations destinées aux doctorants et aux enseignants-chercheurs (voir leur offre de formation sur leur site pour utiliser Zotero, Bibus, gérer des contenus sur Internet avec Spip, créer un site web, créer des documents structurés, utiliser les outils du web 2.0, etc.).

            Rappelons un certain nombre d'outils disponibles en ligne :
- RefWorks (logiciel payant de gestion bibliographique)
- Zotero (extension gratuite, destinée au navigateur Mozilla Firefox, proposant un système de gestion bibliographique)
- Calibre (gestion des références au format eBooks)
- Diigo et Delicious (référencement des ressources web)
- Thunderbird et GoogleReader (gestion des flux RSS)

          Pour toute question relative à la gestion d'une bibliographie, notons les espaces proposés à cet effet par le site Rue des facs et le Portail documentaire de l'UPMC (Université Pierre et Marie Curie).



3. Ressources professionnelles du chercheur


        Cette courte section est consacrée aux différents outils facilitant l'organisation quotidienne du chercheur en relations internationales.

        En premier lieu, il importe de citer Calenda, le principal calendrier francophone en sciences humaines et sociales, édité par Revues.org. S'agissant des thématiques de la mondialisation, du développement ou de la coopération, le bulletin électronique Les Infos-GEMDEV propose tous les quinze jours une sélection de publications, séminaires, etc. Dans le monde anglophone, WikiCFP constitue un outil privilégié pour les appels à communication dans de nombreuses disciplines aux côtés des sites des principales associations en science politique : Political Studies Association, International Political Science Association, American Political Science Association, etc.

           En outre, l'accès à la veille scientifique passe également par les listes de diffusion permettant le publipostage d'informations aux utilisateurs inscrits. En ce qui concerne les relations internationales en France, mentionnons la mailing-list de l'ANCMSP (Association Nationale des Candidats aux Métiers de la Science Politique) massivement utilisée par les politistes. L'AFSP (Association Française de Science Politique) propose également une newsletter consultable sur son site.

          Enfin, divers outils peuvent s'avérer très utiles à différents stades de la recherche :
- DropBox (pour le stockage à distance de fichiers)
- SkypeCallRecorder (pour enregistrer des entretiens menés à distance via le logiciel Skype)
- Transana ou Transcriber (afin de transcrire les entretiens)
- le logiciel R (pour les statistiques, de nombreux tutoriels étant disponibles en ligne)
- PDF-Xchange Viewer (pour surligner et prendre des notes directement dans les PDF)